Atelier "quel autre système économique et financier ?"


Rédigé par Marie-Laure Jarry

Il faut mettre en place un autre système ! Mais en connaît-t-on un autre ? Sur quel modèle s’appuie-t-on ? Comment faire quelque chose que l’on n’a jamais fait ? Comment se mettre d’accord ? Comment amener les gens à envisager un autre système ? Une chose est sure : le capitalisme est illégitime, il détruit la planète, accentue les inégalités et est contrôlé par les rentiers. Mais il ne faut pas sous-estimer la difficulté à changer les choses en profondeur : le poids des structures et des traditions est lourd, nous sommes héritier d’un passé.

Réflexions & propositions

Prendre conscience du fonctionnement actuel passe par l’éducation, apprendre dès l’enfance à vivre autrement, à se détacher du consumérisme. Il faut développer notre sens critique.

Un nouveau modèle doit prendre en compte l’aspect environnemental jusqu’ici sacrifié. La nécessité du partage des richesses peut guider la mise en place d’alternatives. Il existe ici et là des tentatives d’alternatives au capitalisme mais il n’y a pas de modèle transposable en tant que tel : on peut utiliser des expériences mais elles demandent toujours une adaptation. Les modèles clé en main sont une tromperie.

Des initiatives existantes vont dans le bon sens (AMAP, agriculture bio) : Il faut soutenir davantage ces projets, les développer et les améliorer. La mobilisation autour de ces actions est fondamentale. Toutefois le changement passe nécessairement par le niveau politique, car il faut faire évoluer les réglementations pour une régulation de la société : les échanges "sauvages" sont toujours favorables au plus fort. Le passage par l’organe politique est donc incontournable pour un réel changement global à toutes les échelles (locale, nationale, internationale…). Evidemment, le changement politique passe aussi le mouvement social.

La gestion démocratique existe-t-elle vraiment ? Dans les entreprises la démocratie n’existe pas, il n'y a pas de légitimité démocratique du capital. De plus les dirigeants ne sont pas élus mais désignés, les actionnaires sont décisionnaires par le pouvoir de l’argent ! Le changement passe par l’interrogation de cette domination du capital. Il faut élargir les systèmes d’autogestion comme les SCOP.

Et est-on vraiment dans une société démocratique ? Quelle démocratie dans l’Etat ? Comment construire cette gouvernance et former les citoyens ? Il faudrait revenir aux bases de l’éducation populaire. Nous ne sommes pas tous égaux devant la participation démocratique. Il est important d’organiser des débats, des forums… les gens sont en attente face aux questionnements actuels. La discussion développe le sens démocratique, c’est se saisir de son destin.

La question des luttes sociales est importante : comment faire pour rendre les grèves plus efficaces ? Mettre en place de nouvelles actions plus offensives. Si cela est nécessaire, passer dans l’illégalité pour faire bouger les choses ; mais cela nécessite d’être vraiment unis. Dans un premier temps se réapproprier les outils de production, de travail, les biens communs. Puis développer de nouveaux rapports en supprimant la compétition et l’individualisme.

La justice sociale est également une question fondamentale. Il faut être en phase avec le monde. Or, où est l’équivalence entre un pauvre en Europe et un pauvre d’un Pays du Sud ? Nous sommes toujours dans une société esclavagiste ou l’on pille les pays pauvres. Il faut remettre en cause le libre-échange et réexaminer la notion de protectionnisme pour favoriser un équilibre mondial.

Nous devons revenir au local mais pas à l’autarcie. La question du territoire est primordiale : comment appréhender l’Europe ? Elle nous impose des contraintes mais en même temps, elle nous permet d’être plus fort face aux autres pays. Comment mieux coordonner les territoires ? Pour que se comprendre et trouver des solutions adaptées ? Car on vit AVEC et DANS le monde !

Notre société privilégie le gain immédiat ; du côté du consommateur comme de l’Etat. L’actionnariat veut dégager du profit rapidement. Nous devrions investir davantage dans la recherche et développement, dans le progrès humain, culturel et l’éducation et pas uniquement dans le progrès technique. On oublie que l’investissement permet d’envisager l’avenir à long terme. Mais les politiques sont élus sur des courtes périodes (présidence à 5 ans)